Jean Potocki-Oeuvres II: Voyage a Astrakan Et Sur LA Ligne De Caucase - Memoire Sur L'Ambassade En Chine edited by F. Rosset, D. Triaire (La Republique Des Lettres, 12: Peeters) Après les voyages a l'Ouest (Turquie, Egypte, Hollande, Maroc, Basse-Saxe: voir le volume I de notre edition), Jean Potocki tourne ses regards vers l'Orient: en 1797, il parcourt le Caucase; en 1805, it prend la route de la Chine et vers 1811, il s'enthousiasme pour la Crimée. Ces trois voyages donnerent lieu a relation. Le texte du Voyage a Astrakan et sur la ligne du Caucase suit ici pour la première fois le manuscrit original; il est augmenté du journal adressé a Stanislas Auguste, roi de Pologne, exile a Saint-Petersbourg. Le Mémoire`sur l'ambassade en Chine est suivi du Rapport sur les activités des savants places sous la direction de Potocki pendant l'ambassade. Enfin le petit texte sur le projet immobilier de Sophio-polis n'avait plus ete publié depuis sa parution confidentielle au debut du xixe siècle.
Rompant avec les précédentes relations, le Voyage dans quelques parties de la Basse-Saxe obéissait principalement a une exigence scientifique: it ne s'agissait plus au gré d'un itinéraire vagabond de collecter des étonnements, des surprises. A partir de 1794, Potocki cherche a construire un discours, organiser une representation sur l'histoire des Slaves, les populations caucasiennes ou la diplomatic russe en Extreme-Orient. Le voyage est devenu pretexte, matière première d'une elaboration intellectuelle; en ce sens, it offre une synthèse de oeuvre de Potocki, réunissant aussi bien les travaux historiques que les choix politiques ou l'expérimentation narrative.
Ce deuxième volume des Euvres de Jean Potocki a éte prepare par Dominique Triaire, professeur a l'Université Paul-Valery Montpellier III.
Oeuvres de Jean Potocki:
I Voyages 1
II: Voyages 2
III: Théâtre – Ecrits historiques – Ecrits politiques
IV, 1: Manuscrit trouvé a Saragosse (version de 1810)
IV, 2: Manuscrit trouvé a Saragosse (version de 1804)
V: Correspondance – Varia – Chronologie – Index general
Les voyages ont occupé une grande partie de la vie de Jean Potocki, et pourtant it n'a laissé que quelques relations. De mai 1797 a avril 1798, it accomplit un grand circuit qui part de Moscou, passe par Astrakan et le Caucase pour aboutir en Crimée. La relation qu'il écrivit alors est la dernière – la dernière qu'il pensa en tant que récit de voyage, &coupe en chapitres et même en deux livres. Les lettres et le Mémoire qu'il enverra pendant le voyage en Chine ne forment pas un récit. Au Caucase, Potocki distingue exactement le récit (première, puis deuxième version) des lettres qu'il envoie a Stanislas Auguste et a sa petite cour. On peut évidemment se demander pourquoi ce dernier voyage n'a pas ete imprimé; parmi bien d'autres raisons (manque de temps, d'argent ou d'interêt), it en est une qui peut être retenue avec plus d'assurance: le role politique joué par Potocki a partir de 1804 l'oblige a la reserve, or la guerre avec la Turquie reprend en 1806 et les menées expansionnistes de la Russie, militaires ou diplomatiques, en direction du Caucase ne se relachent pas pendant toute cette période. Le Voyage a Astrakan et sur la ligne du Caucase restera donc manuscrit, au moins du vivant de l'auteur.
Il ne suffit pas de découper un journal en chapitres pour en faire un récit de voyage, ou plutôt c'est parce que Potocki considérait son journal comme un récit qu'il le &coupe en chapitres. Qu'est-ce qui transforme donc un ensemble de notes quotidiennes (qui peuvent nourrir une correspondance) en un récit de voyage (qui peut être conflé a l'imprimeur)? Il me semble que c'est le plaisir. Potocki en voyage est heureux: "Benissons donc L'etude de l'histoire, et les historiens qui nous ont legue de pareilles jouissances.» (p. 35), «Et cette petite découverte m'a fait un veritable plaisir – Cependant la joye que j'en ai eu n'aproche point de celle que j'ai eprouvé, it y a quelques jours [...] » (p. 103). Plaisir lie bien sur aux sciences((1)),`mais elles ne suffisent pas: au bonheur de Potocki répond celui de l'homme qu'il rencontre. Malgré les ravages des fièvres a Kizliar, it partage le charme de la vie des Nogais: «Le Nomade couché sur son feutre se trouve si pres de l'herbe fraiche; Il n'en n'est point séparé par des planches Il la touche, il respire ses parfums – Lorsque le gazon comence [a] se fletrir sous lui, it porte sa hute a quelques pas de la – les fleurs naissent reellement sous ses pas – Son paysage est uniforme Ce n'est qu'un fond verd et toujours le même, mais chaque piece
de son troupeau s'y distingue parfaitement et d'un coup d'oeil. Il saisit toutes ses possessions» (p. 120). Plaisir de l'errance jamais arrêtée qui prend le visage du Bohémien dans les oeuvres de fiction. Jouissance de l'inutile, du gratuit: Potocki n'obéit alors a aucun impératif extérieur; sa situation sera bien différente sur le chemin de la Chine, et quand it énu-mere pour Klaproth les Objets de recherche: «J'en viendrai bientôt aux vues scientifiques, mais je m'arrête ici a dessein, parceque les vues utiles doivent toujours avoir la preference.» (p. 205). Ce n'est qu'à partir de 1804 qu'il songe a exploiter en politique les connaissances acquises lors de son périple caucasien((2)), mais en 1797, il ny;écoute que la lecon de Goethe: «Depuis que l'inimitable Voyage sentimental de Sterne avait donne le ton et provoqué des imitateurs, les descriptions de voyages étaient presque entierement remplies des sentiments et des vues du voyageur. Moi, j'avais pris pour maxime de m'effacer soigneusement, de refléter l'objet aussi nettement que possible. [...1 je fis ma Description du Carnaval de Rome, qui, ayant ete bien accueillie, engagea des hommes d'esprit a exposer clairement et purement dans leurs récits de voyage les traits caractéristiques des populations et des moeurs. Je me bornerai a citer pour exemple un homme plein de talent, mort a la fleur de rage, Friedrich Schulz, qui nous a laissé la description d'une Diète polonaise.»((3)) Et Potocki: «Je ne promets au lecteur qu'une chose, c'est de ne pas fermer les yeux. Tout ce que j'aurai occasion de voir, je le raconterai»((4)) (p. 141).
II regarde donc, il note, il dessine. L'expérience reste pour lui le principal véhicule de la connaissance sans qu'il lui accorde toutefois l'entière confiance des Lumières: l'oeil peut être trompé (p. 63). La relation se compose alors de ce que «l'on voit»: objets, formes d'habitat, villages, ruines, tumulus, individus, costumes, animaux..., enfin tout ce qui est «remarquable», c'est-à-dire autre, different des lieux communs a Potocki et a ses lecteurs, ou au contraire identique, et par la surprenant. II élève aussi son regard sur les paysages et donne a sa plume une ampleur presque romantique; il garde pourtant son gout pour la concision, et ses descriptions dans leur brièveté n'en sont que plus frappantes: «Tandis que je dessinois, le Soleil s'étoit cache deriere les monts d'autres feux eclairoient le Ciel, et les eaux du Terek répétoient leur eclat rougeatre. D'abord ce n'étoit qu'une longue ligne enflamée, qui coupoit la plaine et la sépa-roit des montagnes, mais a mesure, que la nuit devenoit plus obscure, De nouvelles clutes se faisoient voir. Grossissoient en torents remontoient les Colines, descendoient dans les creux valons et serpentoient dans la Campagne, enfin toute la petite Cabarda étoit illuminée. Cependant cet
immense feu d'artifice ne coutoit rien a personne. Les Circassiens avoient mis le feu aux herbes, et voila tout, mais le spectacle en étoit fort beau.» (p. 86). Potocki sait aussi &outer, l'esprit critique en éveil: «Voila ce que l'on m'a conté et que je distingue soigneusement de ce que j'ai vu par moi même ainsi que faisoit herodote.» (p. 58). Les témoignages restent pourtant la meilleure source d'information sur les moeurs ou l'histoire des populations du Caucase, que Potocki les rencontre ou qu'elles restent inaccessibles dans les vallées reculées. Il étudie les langues((5)), dresse et compare des vocabulaires autant pour retrouver l'origine des peuples qui les parlent encore que pour réduire, en les apprenant, le nombre de relais qui acheminent l'information. Il se choisit des interlocuteurs privi-légiés : Tumene, prince kalmouk, Begh-Ali, mollah koundour, Urus, depute tchétchène dont il rapporte fidèlement les propos, même obscènes (p. 76), Kutchiuk, souverain de Bargoun, le jeune Taganow etc. Le style est vane, haché, mais aussi vif, haletant; it restitue au plus juste les impressions successives du voyageur. Potocki, qui maitrise parfaitement son écriture et sait preserver le caractère de la spontanéité, accentue encore ce trait en recourant a l'anecdote (p. 99((6))) et surtout au contraste: «Ce fut avec une surprise extreme que nous apercumes un gros navire tout au milieu du Step.» (p. 61).
En 1802, Potocki ferme son principal ouvrage d'histoire sur les lignes suivantes: «Je termine`ici mon esquisse historique des cinq premiers siecles post-diluviens. Qu'y a-t-on vu? Des Tartares devastant l'Asiel des peuples qui émigroient, des avanturiers chercheant fortune sur mer, des empires renverses, divisês, des religions qui se transforment en d'autres; en un mot tout ce que l'on a vu depuis. Mais nous vivons dans un siècle ou des hommes d'ailleurs savants se sont plu a considerer l'histoire ancienne, comme une énigme ingénieuse que chacun pouvoit expliquer a sa fantaisie, en sorte que si quelqu'un se donnoit la peine de faire un tout de leurs différents Systemes il en pourroit conclure avec juste raison, qu'il n'y a point eu d'hommes avant les Olympiades, mais seulement des Etymologies, des Allegories, et des constellations. Cependant ces hommes qui cultivoient l'Astronomie, connoissoient sans doute l'usage de l'ecriture, et non seulement ils ne manquoient pas de moyens de faire passer leur nom a la posteritê, mais ils avoient la passion de vivre dans le souvenir des hommes. C'est pour cela qu'ils élevoient des Pyramides, qu'ils ambitionnoient l'Apotheose etc. Aussi leurs soins n'ont ils point ete perdus, leur mémoire subsiste encore disséminée pour ainsi dire dans les écrits des anciens, et la Synthese de ces notions éparses ne sera point difficile a faire des que l'ésprit humain lassé de conjectures et de
subtilités, reviendra aux sages et simples opinions des Varron, Eusebe, Bochart, Usserius etc.
De plus il faut observer que les &arts de l'imagination n'ont point ete entiérement perdus pour la verité. Court de Gebelin en cherchant la langue primitive a fixé l'attention sur la ressemblance que certaines langues ont entr'elles. Bailly en cherchant ses Atlantes septentrionaux a prouvé l' anciennete de l'Astronomie. Enfin les fraix de l'erreur semblent faits, et il ne faut peut-être plus qu'un seul homme, un seul ouvrage pour nous conduire jusques aux bornes les plus reculées de l'histoire, et cela par des auteurs de nations différentes, et avec un dégre de certitude peut-être plus grand que celui que nous accordons à l'expédition de Xerxes, évé-nement bien plus recent, mais qui ne repose que sur la foi des Grecs.
Ce n'est pas avec un esprit fatigue par vingt ans de recherches sur un même objet, que l'on peut songer à de nouveaux efforts d'attention et de mémoire, mais qu'un écrivain entreprenne cette oeuvre dans toute la vigueur de sa raison, et j'ose lui promettre le succès le plus complet.»((7)). Ce beau texte est d'un apport précieux pour le JVoyage a Astrakan et sur la ligne du Caucase: derrière la diversité, l'eclatement même de l'expérience, s'étend une infinie continuité que la connaissance et ses instruments critiques permettent de retrouver. Il existe un invariant humain qui rend possible la communication au-delà des temps et des distances. Cette permanence est particulierement manifeste dans le domaine historique ou Potocki rejoint Hérodote «tout entier». Ce ne sont pas seulement deux réalités distantes de plusieurs siècles qui coincident; viennent s'ajouter la continuité du livre et du monde telle que Potocki la percoit de l'institut de Bologne aux rues d'Astrakan (p. 154), et celle du livre lui-même: les rois, les hros, les peuples disparaissent, mais «ce que la plume d'Hérodote a note a seul survécu» (p. 152) – en ces mots se dissimule à peine la secrete ambition de l'auteur. Au fond, rien ne change. Pour Potocki, l'histoire ne consiste pas à connaitre le passé, mais à la deviner dans le present, ce qui lui procure «un extreme plaisir» (p. 102). II est tres clair sur le sens de ses recherches: «elles me conduisent heureusement des langues et des peuples de l'antiquité aux langues et aux peuples des temps modernes» (p. 156); il peut ainsi glisser sur l'axe du temps: de l'aube de l'humanité avec la horde des Kirets: «Ainsi dans l'enfance des nations les familles errantes, se rassembloient autour de celui qui préssoit les grapes, qui soufloit en mesure dans des roseaux, enfin autour de tel autre inventeur qui leurs procuroit une jouissance nouvelle» (p. 107), à l'antiquité devant Schabasch le Circassien: «je crus étre et j'etois efectivement chés un descendant et Successeur des anciens
Skephukhes ou porte-sceptres, qui gouvernoient les Sarmates du Danube aussi bien que ceux du Caucase, ainsi que nous le voyons dans Strabon et tacite.» (p. 102), jusqu'en lui-même enfin, malgré «l'afreux Cahos ou notre Siecle est plongé», il se retrouve: «Ce tems est loin de moi. mais les mêmes motifs me guident et me soutiennent.» (p. 81). Moins fré-quente, mais aussi nette, la continuité dans l'espace: «Mais comment se fait-il que la danse des Norvégiens ait également de l'analogie avec celle des Cosaques?» (p. 164). Si le sens religieux est incontestable, il ensevelit les diverses religions dans la même poussière: «J'ai passé ma jour-née devant un tas de marbres ou tous les Siecles sembloient s'etre done rendé-vous – Sur un autel de venus on voyoit le sepulchre d'un moine de l'Eglise Esciavone, puis la croix des genois, puis la tombe d'un armenien, puis celle d'un Pacha.» (p. 135), ce que vient confirmer «la tolerance générale» qui règne à Astrakan – ou se mesure le bouleversement d'un monde qui ne reçoit plus ses leçons de l'Europe des Lumières, mais des bords de la mer Caspienne. Double continuité encore de l'image et du modèle d'une part (Leprince, Vernet, Watteau, Pillement, mais aussi Potocki et ses dessins), des deux extrémités de l'Europe d'autre part puisque les figures asiatiques des Kalmouks décorent «les panaux et les dessus de porte» (p. 25) des demeures parisiennes.
Des six voyages, au sens fort du terme, que Potocki a laissés (Turquie, Egypte, Hollande, Maroc et Basse-Saxe), celui du Caucase est certainement le plus original. Au cours de ses excursions entre les deux mers, de fawn discrete, il nous présente sa vision du monde, remontant de l'apparent éparpillement du donne aux grandes permanences du temps et de l'espace, de l'homme et de la société, du signe et de l'objet. Aussi convoque-t-il tous les savoirs qui lui sont chers: l'histoire en premier lieu, la philologie comparée, l'histoire naturelle, l'art, mais également ces premières connaissances qui s'appelleront bientôt l'anthropologie. I1 reprend aussi une construction qu'il affectionne: à partir d'une continuité rigide et limit& dans l'espace et le temps, celle du voyage (celle bien sur du Manuscrit trouvé a Saragosse auquel it travaille activement à cette époque), il s'applique non seulement à la gommer, mais à se perdre dans un monde continu, mais infini, au point que le lecteur ne saisit plus comme repère que la succession disparate des notations quotidiennes.
De la relation &rite en
voyage, il ne subsiste que quatre fragments:
– une copie avec corrections aut., conservée par 1'AGAD, APP, cote 82a
(5), p. 317-343. Le filigrane est: 1796 A N S G. Le récit commence le
17 mai 1797, les premières pages de la relation faisant défaut; [C] dans
les variantes.
– une copie de la même main avec corrections aut., qui entre dans la composition d'un cahier intitulé Voyage du Comte J. Potocki sur les bords de la Mer Caspienne, conserve par l'APK à Cracovie, Arch. Krzeszo. Pot., cote 294, p. 19-26. Le récit commence le 6 décembre 1797; [C] dans les variantes.
– un fragment aut., conserve par l'AGAD, APP, cote 82a (5), p. 371. Le filigrane est: P €13 I A 1796. Le récit commence le 5 avril 1798; [0] dans les variantes.
– un fragment autn dans le cahier ci-dessus designé, p. 87-90. Le récit commence le 22 avril 1798; [0] dans les variantes.
Les fragments aut. montrent que Potocki prenait quotidiennement des notes à partir desquelles la première version de la relation (les fragments copiés) fut mise au net au fur et à mesure du voyage((8))n Parallèlement, it écrivait lui-même son journal à Stanislas Auguste; cette correspondance s'interrompit sans doute à la mort du roi exilé, le 12 février 1798. Plusieurs envois de ce journal sont conserves par l'AGAD, AKP, cote 356 cz. p. 1519-1586. Ils commencent le 25 septembre 1797 et sont don-nés dans ce volume, p. 167. A ce journal, se rattache une page sans lieu ni date qui n'apparait pas dans les autres versions et ne fut pas adressée au roi; elle est conservée dans le cahier de Cracovie, p. 27, et rapport& dans ce volume, p. 204.
Avant 1805((9)), Potocki remanie sa relation et donne une seconde version qui commence le 23 mai 1797 à Novochoporsk; aucun manuscrit original n'a ete retrouvé, mais trois copies demeurent:
– fnbsp; une qui est conservée par la RGB à Moscou, F. 218, n° 939.1 (avec additions et corrections aut.; elle est introduite par la lettre de 1802 à un destinataire inconnu, sans doute Nikolai Petr. Roumiantsev),
– une par l'American Philosophical Society Library à Philadelphie, cote 914.79, P85, qui fut utilisée par Klaproth pour son edition de 1829, [K] pour les variantes,
– une enfin dans le cahier de Cracovie (p. 3-18) qui ne compte que les deux premiers chapitres((10)), [P] pour les variantes.
L'étude des variantes montre qu'aucune des copies ne suit l'une des deux autres: it existait bien un manuscrit-source, probablement autographe puisque se retrouvent dans les copies des particularités d'écriture et de ponctuation, propres à Potocki. Les copies de Philadelphie et de Cracovie gardent trace d'un decoupage en deux livres qui n'a pas été retenu dans la copie de Moscou.
Heinrich Julius von Klaproth (1783-1835), fils de Martin, avait ren-contré Potocki à Berlin; celui-ci contribua à l'appeler en 1804 à Saint Pétersbourg et le protégea. Klaproth fut nommé adjoint de l'Académie impériale des Sciences (1805), puis académicien extraordinaire (1807). Il appartint au corps scientifique du voyage en Sibérie et en Chine et ne revint à Saint-Pétersbourg qu'en 1807. Ces recherches lui servirent à la rédaction des Mémoires relatifs a l'Asie (Paris, 1824-1828) et de La Carte de l'Asie Centrale (Paris, 1836). En 1811, il quitta la Russie pour Berlin, puis s'installa à Paris en 1815. Auteur de plusieurs ouvrages ethnographiques et linguistiques, it nomma Archipel du comte Jean Potocki un groupe de dix-huit Iles qu'il avait découvert dans la mer Jaune.
En 1827, il publie une relation du 15 mai (Moscou) au 24 aoüt 1797 sous le titre Voyage du Comte Jean Potocki a Astrakhan et dans les cantons voisins, en 1797((11)). Le decoupage en chapitres n'est pas fait, ce qui permet de penser que cette édition qui s'arrête précisément ou commence le journal à Stanislas Auguste, a ete établie sur les premiers envois au roi. Autre argument: les «morceaux»((12)) qui apparaitront dans l'edition de 1829, mais qui ne sont pas dans la copie de Philadelphie suivie par Klaproth ([Pot., 18291 dans les variantes), reprennent avec de légères modifications le journal à Stanislas Auguste. Cette relation, issue du journal au roi, appartenant par consequent à la même géneration que la première version, est rapport& p. 141-166.
En 1829, Klaproth publie donc la seconde version, augment& de "morceaux» du journal au roi, et de deux additions postérieures à 1805 (p. 137): celles-ci lui furent probablement communiquées par Potocki en 1807 quand it lui donna ses Objets de recherche. Dans la même edition, paraissent des dessins de Potocki faits pendant le voyage, dont les originaux sont aujourd'hui perdus.
Peut-être même a-t-il existé un troisième état: dans Klaproth, 1823, est donne un extrait du voyage (la visite de Dgid Hadgi, le 22 aout 1797) different des deux versions connues – ce pourrait être la copie mise au net lors du voyage.
La copie de Moscou, malgré ses fautes (souvent corrigées par les autres manuscrits), a ete retenue comme texte de base; c'est en effet le seul état complet du récit qui a été revu et corrigé par l'auteur. Elle est précédée du début de la relation tel qu'il est donné dans la copie de la première version, et suivie des deux additions postérieures à 1805, du journal au roi (edition de 1827 et envois aut.) et du fragment isolé.
En septembre 1807, Klaproth partit de Saint-Pétersbourg pour une mission scientifique dans le Caucase; it était envoyé par l'Académie des Sciences à laquelle it avait été recommandé par Potocki. Outre cette recommandation, Potocki avait rédigé à son intention des «instructions».
Seize mois plus tard, Klaproth était de retour et publiait en 1812 à Halle et Berlin Reise in den Kaukasus und nach Georgien unternommen in den Jahren 1807 und 1808. Aux pp. 6-14, it donnait les Objets de recherche proposés par S. E. Mr. le Comte Potocki (p. 205).
Fire Mountain: How 30,000 Perished and One Man Survived the World's Worst
Volcanic Disaster by Peter
Morgan
(
On
Using written eyewitness accounts and historical research,
Peter Morgan spins this tale into a spellbinding narrative. Morgan, both a
seasoned English journalist and a playwright, accordingly combines a nose for
meticulous detail with a storytelling flair, giving his account an intense
personal angle that enlivens the history.
French Spirits: A House, a Village, and a Love Affair in Burgundy by Jeffrey Greene (William Morrow) When Jeffrey Greene, a prizewinning American poet, and Mary, his wife-to-be, a molecular biologist at the Pasteur Institute in Paris, discover a moss-covered stone presbytery in a lovely village in the Puisaye region of Burgundy, they know they have to live there. With an unabashed joie de vivre, they begin the arduous process of procuring their slice of paradise amid the wild beauty of the French countryside -- a place of gentle farmlands and dense forests, of rivers and lakes, of stunning fields bursting with the color and heady scent of wildflowers. French Spirits is the magical tale of their odyssey to become not just homeowners but Burgundians. In lush, lyrical prose, Greene recalls their experiences turning the three-hundred-year-old stone building -- a "château in miniature," which the locals believe houses numerous spirits--into a habitable refuge. He brings to life their adventures in finding wonderful bargains with which to furnish their new space, including a firm mattress and some rather suspicious "antiques" bought from the back of a van.Greene offers the unexpected joys and surprises of village life, from celebrating his and Mary's simple backyard wedding to discovering summer fêtes from toiling in a verdant garden to trading insights with new neighbors. He shares the experience`of surviving his mother's decision to move in and humorously introduces the locals -- both human and nonhuman -- who define his and Mary's new world. Woven throughout this luscious tale are the pleasures of rural France: wondrous food and wine, long-held rituals and feasts, dark superstitions and deeply rooted history. A memorable feast for the senses, French Spirits will entertain and enlighten all who succumb to its charms.
THE NAMES OF THINGS: A Passage in the Egyptian Desert by Susan Brind Morrow Riverhead Books $25.95, hardcover, 232 pages
1-57322-027-2
In THE NAMES OF THINGS, Morrow tells the powerful story of her journey from the rural countryside of New York and a childhood marked by tragedy to the vast deserts of Egypt and Sudan and a life of adventure and discovery. Part memoir, part travelogue, and part exploration of the beauty and power of language, THE NAMES OF THINGS, captures the imagination with delight and detail. This widely reviewed and praised title is a beautifully written book that superlatively manages to combine linguistic scholarship, philosophy, and adventure into a profoundly original and magical book. It enchants in several mutually illuminating ways: as a finely written travel book about Egypt and its desert people, as a celebration of the mystery of language and its power of revelation and creation, and as a refined, poignant memoir of the making of a soul. She sees with an artist’s eye and listens with the ear of a poet, interweaving her travels with her personal and family background. It is a literally amazing and wonderful book. Recommended for its style and verve.
In prose that is spare yet richly descriptive, Morrow describes her childhood growing up in a small town near the Finger Lakes; recalls her early fascination with words and language; and talks of the unexpected deaths of her brother and sister — losses that would forever influence the way Morrow experiences and views the world. She tells how she left home at sixteen to immerse herself in the study of Arabic and Egyptian hieroglyphs at Barnard, and how this led to her first of many trips to the desert.
As she shares tales from her courageous travels in places where it’s still rare for women to be unaccompanied, Morrow gives an illuminating view of the desert and its people, offers fascinating insights into the nature of language and life, and articulates the struggle of many women to reconcile a need for independence with the ties of love and commitment. All of these are topics that she’s well-prepared to discuss in an interview.
Susan Brind Morrow has translated contemporary Arabic poetry and ancient Egyptian folk tales. She began her work in Egypt on an archaeological survey in the Western Desert in 1980, and has since traveled extensively in Africa and the Middle East. She is married to writer and essayist Lance Morrow, with whom she lives on a farm in the Berkshires.
PASS THE BUTTERWORMS
Remote Journeys Oddly Rendered
Tim Cahill
Villard
$24.00, hardcover; 283 pages
0-679-45625-2
This time, in PASS THE BUTTERWORMS, Cahill takes us on journeys to areas as
remote as the rivers of Honduras and the immense grassland of Mongolia, to the
stunning geysers of Yellowstone and the deepest jungles of Peru. Always
provocative and undeniably outrageous, Tim Cahill again hits the trail with the
same verve and gonzo-esque sensibility for which he's internationally known.
Whether it's swimming at the North Pole while polar bears graze; horseback
riding with the descendants of Genghis Khan; pushing the limits of sea-kayaking
while circumnavigating falling glaciers; or sitting around the campfire with the
near-Stone Age citizens of Iranian Jaya, learning the protocol of eating
delicacies such as sauteed sago beetle, remnants of piglet, premasticated manioc
beer, or the components of the "Malaria Diet," Cahill always lives life to the
fullest, and lives to tell about it with style and panache.
TIM CAHILL is the author of five previous books, including A Wolverine Is Eating
My Leg, Buried Dreams, and Pecked to Death by Ducks. Cahill is currently Outside
magazine's editor at large and a contributing editor to Rolling Stone and Sports
Afield. He lives in Livingston, Montana.
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November 27, 2016
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